CFTC Défense

La Vie à Défendre

La CFTC, née en 1919, est un syndicat de construction sociale depuis plus de 100 ans. Figure historique du syndicalisme français, elle perpétue les valeurs sociales chrétiennes qui fondèrent notre pays et notre civilisation européenne, avec en particulier la dignité de la Personne humaine au cœur de son travail et la défense du Bien commun…

Déclaration liminaire lors du Comité Social d’Administration Ministériel (CSA-M)

Paris, le 11 Mai 2023

Monsieur le secrétaire général,
Monsieur le directeur,

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis aujourd'hui pour le premier CSA Ministériel de la nouvelle mandature 2023-2026.

Nous remercions tous les personnels qui, par leurs votes, ont permis à Défense CGC et CFTC Défense de revenir au sein des organisations syndicales représentatives. Nul doute que ce retour sera accueilli favorablement par cette instance réputée attentive à la pluralité syndicale et assurément attachée à la diversité des opinions.

Cette approche, pluraliste et précieuse pour entamer cette nouvelle mandature, aurait été de facto indispensable au gouvernement pour enrichir sa palette de négociation et éviter son acharnement à ignorer l’immense opposition des français à son projet de réforme des retraites. Surdité et aveuglement déraisonnables qui ont eu le mérite, il faut le reconnaître, de réussir le tour de force de ressusciter une unité syndicale historique ! En l’espèce, la décision d’utiliser l’article 49-3 pour contourner la légitime représentation nationale renforce notre détermination à dénoncer cette loi. Celle-ci est maintenant promulguée, elle n’en demeure pas moins injuste et inutile. L’alliance Défense CGC et CFTC Défense restera donc fermement résolue à participer aux nouvelles actions pacifiques d’opposition à cette réforme en plaidant toujours pour son retrait.

Ce climat protestataire constitue une nouvelle démonstration de l’importance du dialogue social qui doit être reconnu comme incontournable de l’intérêt collectif. Si, au niveau central du ministère, ce dialogue n’est à l’évidence ni médiocre ni au point mort, force est de constater que depuis quelques années il demeure souvent par trop formel. Le contraste est d’ailleurs saisissant au regard de l’efficacité des instances locales qui sont, convenons-en, à l’origine de la majorité des réussites concrètes : citons par exemple le succès de la mise en place du télétravail. Ainsi, pour nourrir nos débats et faciliter les nécessaires arbitrages nous devons, avant tout, agir dans la ferme volonté de relayer les nécessités de terrain en restant à l’écoute des solutions et compromis pratiques construits au quotidien.

Il est vrai que le cadre de la loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique, les pertes de compétence afférentes en matière de mutation, de mobilité, de promotions ou d’avancements ne nous facilitent pas la tâche. Pourtant, nous devrons rester vigilant pour éviter que cette nouvelle architecture, excessivement centralisée, nous éloigne de cet objectif de proximité. Nous allons nécessairement subir un allongement des réunions et des ordres du jour pour traiter l'ensemble des sujets. Des dérives organisationnelles sont à craindre comme la fatidique tentation de comitologie, solution excessive pour articuler les conseils, les commissions, les comités et les formations chargées de la santé, sécurité et des conditions de travail. À nous de faire en sorte que cette recentralisation des négociations ne se fasse pas au détriment du dialogue social de proximité. De fait, prenons garde à ce que ce dialogue ne devienne trop institutionnel, vécu comme obligatoire, voire comme une perte de temps. Enfin, n’oublions jamais que les fruits du dialogue social ne peuvent jamais s’épanouir sous les frimas des grandes messes mais mûrissent toujours sous un véritable climat de confiance qu’il nous faudra insuffler au sein des établissements, entre la direction, l’encadrement, les représentants du personnel et les agents.

Depuis trente ans, notre ministère a succombé au chant des sirènes des réorganisations systématiques. Dans ces flots de réformes continus, à chaque changement de direction ou presque, les personnels ont vu leur travail altéré, leur quotidien noyé, graduellement peu à peu vidé de sens pour nombre d’entre eux. Aujourd’hui Défense CGC et CFTC Défense attendent que ce déluge perpétuel de vaines restructurations cesse.

Nous avons bien conscience que la situation géopolitique est complexe, dangereuse et mouvante, marquée par de nombreuses tensions à l'échelle mondiale. Le projet de LPM 2024-2030 dévoilé récemment apporte une des réponses à cette situation. Sans attendre, le budget 2023 de notre ministère est augmenté de plus de 3 milliards d’euros pour s’établir à 44 milliards d’euros. Mais avec seulement 23 millions d’euros consacrés aux mesures catégorielles des personnels civils, le constat est une nouvelle année sans appel : politique salariale calamiteuse, alarmante dans un contexte de forte concurrence ; salaires d’entrée trop faibles ; évolution salariale qui stagne qui plus est dans un contexte de forte inflation ; démissions record tant les perspectives d’évolution de carrière sont inexistantes ; recrutements de plus en plus difficiles. Même si la population des ICT/TCT de la DGA est celle chez qui cette situation engendre actuellement le plus de déception, de frustration et parfois même de légitime colère, cette conjoncture impacte hélas aussi tous les personnels civils en place et la démotivation ou «démission silencieuse» gagne tous les rangs.

Face à ce constat, comment imaginer le futur de notre ministère sans relever les défis de son attractivité et de fidélisation de sa composante civile ? C’est la question essentielle, l’enjeu capital pour notre institution dont chacun doit prendre la mesure. Aussi, Défense CGC et CFTC Défense exigent des mesures de rattrapage fortes, assorties d’une mise en œuvre urgente, indispensable pour endiguer ces vagues de démobilisation et sauver notre outil de défense présent et futur.

Cette exigence relève évidemment d’une nécessaire priorité mais constitue en réalité une noble ambition. Le défi, impérieux et pluriannuel, exigera de l’audace à court terme et de la ténacité sur le long terme. Pour ne pas dériver face aux vents contraires de l’actualité et échouer en rade des effets d’annonce, nous devrons maintenir le cap vers cet objectif phare pour éclairer durablement l’avenir de l’ensemble des personnels civils, qu’ils soient ouvriers, contractuels ou fonctionnaires.

Merci de votre attention

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